Par une recherche engagée depuis une dizaine d’années dans l’abstraction en peinture, les tableaux de Sophie Lavine proposent une articulation de la couleur et de la matière, avec le double souci de la présence plastique et de la dynamique du regard : peinture et céramique s'organisent sur le plan. La matière épaisse, onctueuse, posée en lignes et gelée par le temps, porte la couleur jusqu’au regard de celui qui est là et donne à voir des structures arborescentes qui existent d’abord par et pour la pensée en train de se déployer. Le propos pictural, pourtant silencieux, incite au dialogue avec l’autre, avec le monde et engage une dynamique qui se passe de toute interprétation. Les tableaux ne sont pas des images, ils ne sont à l’image de rien. Le travail de peindre est d’abord envisagé de manière simple : où et comment poser quelle couleur ? Le travail de peindre est en fait envisagé de manière inhabituelle : ni peinture à plat, ni sculpture ; et dans la matière et dans la couleur, le travail donne naissance à des tableaux-bas-reliefs en saillie qui sont autant de lieux d’accueil pour le regard, ou « zones-être ». |